Les mots et l'émotion I
- Leina PARRINI
- 29 févr. 2020
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 oct. 2022
Lors de la rédaction de votre roman, après avoir planté le décor de vos personnages, vous arriverez rapidement à ce que j'appelle une scène clé. Les scènes clés sont des scènes qui provoquent au lecteur une certaine émotion, choisie par l'auteur (donc vous), et qui sont déterminantes, d'une façon ou d'une autre, pour la suite de l'aventure. C'est lors de ces scènes que vous montrerez réellement vos talents d'écriture... Mais comment faire ?
Il y a une multitude de scènes clés possibles. J'en ai relevé quelques unes qui sont, à mon sens, les plus fréquentent utilisées.

Dans ce post, je parlerai principalement de l'émotion ressentie par le lecteur et recherchée par l'auteur (c'est à dire vous).
Tous les passages qui apparaissent en exemple dans ce post ont été purement inventés au cours de sa rédaction, et sont donc libres de droit. Ils peuvent être réutilisés sans souci pour vous aider dans l'écriture de vos scènes clés...
Les lecteurs émus devant votre talent :
Pourquoi lit-on ? Il est important de s'en rappeler la raison lorsque l’on écrit nous-même un roman.
Il est évident que le lecteur ne lira pas votre roman par pure sympathie pour vous, mais plutôt par envie de se détendre, de s'évader dans un autre monde, loin des problèmes qui le préoccupent et loin de son quotidien. Il se peut tout aussi bien que vos lecteurs attendent quelque chose en particulier de votre livre, ou qu'ils auront un a priori...
Libre à vous de les satisfaire ou de briser les codes !
La surprise du lecteur
Comme vous avez pu déjà le lire, ou bien le voir dans des films ou des séries, l'auteur (ou le réalisateur), fait toujours une sorte de twist, au milieu ou à la fin de son œuvre. Et c'est là que vous vous dîtes qu'il a du génie. Mais en réalité, cette réaction est très "mécanique", et il suffit simplement de l'analyser.
Vous avez deux possibilités : soit vous placez des indices ou des non-dits pour mettre le lecteur sur la piste, ou pour l'inciter à revenir en arrière dans l'histoire pour mieux prendre conscience de la révélation, soit vous faîtes profil bas afin de n'éveiller aucun soupçon jusqu'au moment fatidique.
Le lecteur avec une longueur d'avance sur les personnages
Il peut, à l'inverse de l'exemple ci-dessus, être intéressant de donner au lecteur une information que l'un des personnages, ou que l'ensemble des personnages ignore.
Pour cela, je vous conseille soit, de rédiger la scène à la troisième personne en la décrivant d'un œil extérieur, soit, dans le cas où vous écrivez à la première personne, de combiner la découverte d'un personnage à celle d'un autre, afin que les personnages ne détiennent que des bribes d'informations, et que le lecteur, lui, puisse faire le rapprochement entre les différentes découvertes.
Les scènes de révélation doivent être claires et de ce fait, elles doivent être transmises au lecteur avec des mots simples. Évitez les longues phrases pleines de poésie, aussi bien que les longues descriptions. Allez au plus simple, c'est parfois la meilleure des façons pour ne pas perdre le lecteur.
La frustration de fin de chapitre
Ah ! La frustration du lecteur... C'est peut-être la plus difficile des parties que je propose dans ce post.
Il faut que les chapitres se terminent soit par une révélation faite au(x) personnages(s) ou au lecteur -situation a, soit par la mort certaine d'un personnage (ou la réel mort de celui-ci d'ailleurs) -situation b, soit par un évènement irréversible (ou presque) qui déterminera fortement la suite de l'aventure -situation c.
Pour cela, vous pouvez, par exemple, faire s'arrêter le chapitre de façon très brusque -situation 1, sur l'une des propositions citées plus haut, ou alors au contraire amener doucement le lecteur à la fin du chapitre en insistant sur le suspens de la scène -situation 2.
Situation a1 : "- Je suis celle que vous cherchez. Je suis la fille qui sait parler aux animaux, moi, Grace Oliver."
Situation a2 : "Les deux adolescents la regardaient. Il ne pouvaient croire qu'il s'agissait bien d'elle, la fille qui savait parler aux animaux. Alicia l'avait toujours connue, Grace Oliver, la fille de la voisine avec qui elle jouait à cache-cache dans le jardin lorsqu'elles étaient enfants. Et pourtant, il s'agissait bien de Grace, puisqu'elle leur avait donné rendez-vous ici, dans les couloirs de l'ancienne école, abandonnée.
Situation b1 : "Le démon se jeta sur lui, sans qu'il ne pu l'éviter."
Situation b2 : "Elle s'écroula sur le sol carrelé, les genoux à terre et le visage inondé de larmes. Qu'allait-elle faire désormais, sans lui pour la protéger, pour l'aider dans sa mission, et pour l'aimer."
Et ainsi de suite.
Un combat éprouvant face à l'ennemi
Il n'est pas toujours évidant de faire part au lecteur de la rapidité de la situation dans laquelle se trouve les personnages. Mais les mots ont un pouvoir puissant, et peuvent faire comprendre à n'importe qui, n'importe quelle idée, d'autant plus que la langue française est une langue très riche, et qu'elle permet d'accentuer les situations dramatiques, ou au contraire comiques, au grès de l'auteur. Il suffit simplement
de prendre conscience de leur force et de leur importance, et de s'en servir.
Pour une scène de combat plutôt éprouvante face à un ennemi assez coriace, peut-être faudra-t-il faire de longues descriptions des attaques du personnage et de l'adversaire, en insistant sur l'effort fait par le personnage pour venir à bout de la créature.
Plus le combat doit avoir de l'importance, et plus il sera long. Pas besoin de le faire particulièrement lent, mais simplement faire en sorte qu'il semble interminable aux yeux du lecteur (et du personnage).
Un combat gagné d'avance pour le personnage
À l’inverse, si le combat doit être très bref, car il ne sert finalement qu'à montrer au lecteur la puissance du personnage, alors il suffira d'un paragraphe.
Un paragraphe clair, et précis, où seules les actions du personnage y seront décrites, avec une courte phrase sur la tentative de l'adversaire à échapper au personnage, suivit d'une phrase tout aussi simple sur la victoire écrasante de ce personnage.
Cela donnerait :
"Il dégaina son arme, et se précipita vers le gobelin. Il brandit sa lame tranchante vers son adversaire, avant même que ce dernier n'eut le temps de réagir. La lame de son épée transperça le corps du gobelin qui s'écroula au sol."
Remarquez que cette "mécanique" peut tout aussi bien servir dans l'autre sens : l'ennemi qui montre au lecteur sa puissance face au personnage du roman.
La mort d'un personnage
De prime abord, cela peut vous inquiétez. Mais il n'y a vraiment pas de quoi : les scènes clés de ce genre sont, à mon sens, les plus faciles à écrire. Elles répondent à des "mécaniques" plutôt faciles à reproduire.
Pour cela il vous faut seulement trois choses :
- Que le personnage soit apparu dans l'histoire dès les premières pages,
- Que la scène de sa mort soit longue et mise en scène (par une ambiance noble et très solennelle par exemple, ou du moins qu'elle soit souvent répétée au cours de la suite du roman pour donner un air dramatique et tragique à la disparition du personnage),
- Et enfin que le personnage en question soit attachant, ou qu'il ait une part de bonté en lui (cela peut aussi être fait dans une dimension très héroïque, comme un sacrifice).
Et voilà. À présent, vous avez tous les ingrédients pour offrir une mort digne de ce nom à votre personnage.
N'oubliez pas que les scènes clés de ce genre sont destinées à être reprises plusieurs fois, afin qu'elles gagnent en émotion.
La scène finale où le grand méchant prend enfin sa raclée !
Cette partie s'adresse plutôt aux livres de type fantasy, fantastique, science-fiction, ou voire d'action, même si elle peut tout aussi bien servir dans d'autres genres littéraires...
Il faut bien vous dire une chose : cette scène est la plus importante, selon moi. C'est celle qui va réellement donner tout son sens à l'histoire. Elle peut sublimer les pages précédentes, tout comme elle peut les anéantir. C'est pourquoi il est impératif de la soigner, afin de ne pas laisser croire au lecteur qu'elle a été "bâclée".
Le plus communément, il s'agit d'un combat, un long combat plein de sueur et de sang. Il évidant qu'il faut qu'il fasse au moins le double de pages des combats ordinaires auquel le personnage a été confronté tout au long du roman.
Il vient clore l'histoire, et c'est à la fois une conclusion pour le lecteur, et à la fois une sorte de "but ultime" pour le ou les personnage(s). Par conséquent, il doit être grandiose, et doit être la scène la plus spectaculaire du roman.
Comme il sert de conclusion au lecteur, il faut que l'on y retrouve toutes les grandes idées de votre roman réunies dans cette scène.
Par exemple, si le combat final est contre un mage noir et son armée de mort-vivants, il faudra que l'on retrouve de la noirceur dans les descriptions, et une ambiance sordide et inquiétante. Mais il ne faudra pas négliger la côté sublime et merveilleux que vous avez abordé dans les pages précédentes. Cela peut être fait par les paysages environnants par exemple, ou la tenue incroyable de l'adversaire qui rappelle votre goût pour les "décors" et les "costumes" sur lesquels vous avez insisté plus tôt dans le roman.
La description de cette longue et longue scène doit être horreur et poésie.
Tout au long du roman, le personnage en question aura affronté différents types d’ennemis (des mobs de base, des monstres plus difficiles…), et dans cette scène aussi il faudra qu’il y ait ses différents types de monstres : le boss, son bras droit ou ses gardes proches, et les mobs de bases (très nombreux).
Voilà le cliché du combat final Heroic Fantasy (ah non, j'ai oublié de mentionner aussi le long discours du grand méchant qui explique les raisons de ses actions maléfiques, et bla bla bla...). Mais même s'il y a des choses à laisser de cet exemple de cliché, il y en a de nombreuses que l'on peut récupérer, et réutiliser à sa façon.
Enfin, ce qu’il faut pour que cette scène finale soit réussite, c’est de la diversité. De la diversité dans les mots, dans les décors, dans les attaques, dans les monstres que le boss invoque, dans les réactions des personnages et du boss lui-même… etc.
N’oubliez pas que les mots ont un fort pouvoir, ensembles, et que dans cette scène finale c’est le moment de mettre des jolis mots, des expressions épiques, des mots étranges ou techniques, pourquoi pas une pointe d'humour aussi… Bref lâchez-vous !
Ce que vous devez retenir sur la scène clé finale, c’est qu’il faut qu’elle contienne trois choses : diversité, horreur et poésie.
Et maintenant, à vos plumes !
J'ai conscience d'avoir abordé les différents scènes clés de manière un peu trop brève et rapide. Alors si vous désirez un post plus détaillé et entièrement consacré à l'un des axes abordés, n'hésitez pas à me le faire savoir dans les commentaires, ou à m'envoyer un message !
Ne ratez pas le deuxième post : "Les mots et l'émotion 2".
Leina PARRINI
ASPIE et Aspirante écrivain.
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